Avec la Semaine olympique de l’e-sport, le Comité international olympique tente de séduire le jeune public


La Semaine olympique de l’e-sport est organisée par le Comité international olympique et Singapour.

Le Comité international olympique (CIO) donne le coup d’envoi de la première édition de la Semaine olympique de l’e-sport (Olympic Esport Week), jeudi 22 juin. Cet événement, qui se déroule jusqu’à dimanche au Suntec Convention Center de Singapour, est consacré à la pratique compétitive du jeu vidéo et au sport virtuel. Anneaux olympiques obligent, la vitrine de ce rendez-vous est avant tout son volet compétitif, appelé Séries olympiques d’e-sport.

Neuf jeux en rapport avec des disciplines sportives ont été choisis : Fortnite (tir), Just Dance (danse), Gran Turismo (course automobile), Chess.com (échecs), Zwift (cyclisme), Virtual Regatta (voile), Tic Tac Bow (tir à l’arc), Tennis Clash et WBSC eBaseball. Le CIO a été confronté à une pluie de critiques concernant l’absence de disciplines phares, ainsi que la présence de jeux mobiles méconnus, lors de l’officialisation du programme, en mars.

« Comme dans l’appellation “Olympic Esport Week”, il y a le terme “e-sport”, les communautés e-sportives aimeraient voir des compétitions de “League of Legends”, de “Counter-Strike”, de “Valorant” (…). Elles sont déçues et ont l’impression qu’il y a une forme d’instrumentalisation de l’e-sport par le mouvement olympique », analyse Nicolas Besombes, enseignant-chercheur en sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps) à l’université Paris-Cité et spécialiste de l’e-sport.

Une autre formule

« Je peux comprendre certaines réactions, répond au Monde Vincent Pereira, le responsable e-sport du CIO. Mais nous avons une mission globale qui est vraiment d’aider le mouvement olympique à se développer. C’est pour ça que l’on n’a choisi que des simulations de sport ou des jeux hybrides avec une activité physique. » La violence de certains jeux de tir les empêche par ailleurs de faire partie de l’événement. « Les jeux dans lesquels on peut tuer quelqu’un ne sont pas alignés avec les valeurs olympiques », précise-t-il.

Le CIO a donc exigé que, pour chaque titre proposé, un éditeur de jeu vidéo s’associe à une fédération internationale. Une autre formule qui tranche avec le modèle habituel de l’e-sport, dans lequel ce sont généralement les créateurs des jeux qui organisent leur propre compétition. Si certaines alliances n’étonneront personne, comme celle de Virtual Regatta avec la Fédération mondiale de voile, d’autres questionnent : le jeu mobile Tennis Clash, par exemple, bourré de microtransactions, n’est pas une simulation de tennis de premier plan.

« L’objectif n’est pas de faire de l’audience de masse mais de susciter de la participation de masse auprès des sportifs, analyse Nicolas Besombes. Le CIO a assez bien conscience qu’en faisant une compétition surTic Tac Bow”, il ne va pas toucher les fans de “League of Legends”» Les jeunes restent néanmoins les premiers dans la ligne de mire. « Depuis vingt-cinq ans, le CIO a fait le constat d’un désintérêt des jeunes générations urbaines dans le monde occidental pour des sports qui appartiennent au monde d’avant, explique Patrick Clastres, historien à l’Université de Lausanne spécialiste du CIO. Pour les séduire, ils ont déjà intégré de nouveaux sports et des nouvelles épreuves, comme le BMX et le breaking… C’est ce public-là qui est ciblé avec l’e-sport. »

« Ancrer un événement annuel »

De fait, « encourager le développement des sports virtuels » est l’une des résolutions de la feuille de route du CIO pour la période 2020-2025. Des événements vidéoludiques ont ainsi déjà été organisés en marge des Jeux olympiques de Pyeongchang 2018 et de Tokyo 2020, mais leur envergure et leur impact ont été faibles.

La Semaine olympique de l’e-sport est d’une tout autre ampleur : 134 e-sportifs issus de soixante-quatre pays sont attendus à Singapour, où se dérouleront seulement les finales de chaque tournoi, les phases de qualification s’étant déjà déroulées en ligne. Trente heures de diffusion vidéo en direct sont prévues sur le site et les réseaux sociaux, ainsi que sur les chaînes de streameurs associés. La participation aux différentes épreuves était ouverte à tous, à l’exception de Fortnite : seuls quelques-uns des meilleurs joueurs mondiaux de la franchise ultrapopulaire d’Epic Games ont été invités à s’affronter dans un mode de jeu conçu pour l’occasion. Aucun titre olympique ou médaille ne sera délivré, car l’événement n’est pas lié aux Jeux olympiques.

Le Monde

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Enfin, en dehors de la compétition, sont prévus des matchs amicaux ou des démonstrations d’autres titres, comme le jeu de combat Street Fighter 6, la simulation de basket NBA 2K ou le célèbre jeu de ballon avec des voitures Rocket League. Sur ce dernier, une rencontre amicale entre deux équipes e-sportives renommées, Karmine Corp et Gen. G Esports, a d’ailleurs été officialisée mardi.

« L’ambition, c’est d’ancrer un événement annuel. Aujourd’hui, on a déjà des discussions avancées avec la France sur la possibilité de la seconde édition de l’Olympic Esport Week en 2024, et avec d’autres pays hôtes pour 2025 et 2026 », avance Vincent Pereira. La France ne s’est toutefois pas encore officiellement engagée. Les retombées de cette première édition, dont le budget n’a pas été dévoilé, devraient déterminer la pérennité de la Semaine olympique e-sportive.



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Catégorie article Politique

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